Les industriels Français en ont plus d’une fois dressé l’amer constat : chez nous, plus qu’ailleurs, l’enfer est régulièrement pavé de bonnes intentions.

Au lendemain de la présentation du rapport parlementaire de Guillaume Kasbarian , certains redouteront du coup qu’une fois de plus la France s’illustre non pas en posant de bonnes questions et en apportant de mauvaises réponses mais en étant simplement incapable de suivre des préconisations de bon sens. Mandaté pour étudier comment « accélérer nos implantations industrielles », le député d’Eure et Loir a fait preuve de pragmatisme. Constatant qu’il faut trop souvent deux fois plus de temps au minimum chez nous que chez nos voisins pour ouvrir une usine, l’ancien consultant ne milite pas pour une vaste réforme législative ou un grand choc de simplification administrative. Il met en avant des mesures concrètes et relativement simples (un suivi digital des dossiers, la création de zones déjà prêtes à accueillir des lignes de production…) et il réfute l’idée selon laquelle il serait impossible de concilier simplification des procédures et protection de l’environnement.

La France manque trop de nouvelles usines pour qu’un tel sujet soit pris à la légère. A l’heure où la montée des tensions protectionnistes et les attentes écologiques dessinent un virage dans la mondialisation, l’Hexagone n’est sans doute pas à l’aube d’une renaissance industrielle massive permettant de rapatrier toutes les usines délocalisées dans des pays low-cost mais de nouveaux projets d’unités de production plus proches des zones de consommation pourraient tout de même émerger. La France qui est passée maîtresse dans l’art de la surtransposition qui fait qu’elle rend encore plus complexes des règles communautaires déjà sévères et qui ne cherche jamais à faire l’économie d’une norme doit admettre que son mille-feuille administratif et législatif a atteint un niveau insupportable pour bien des entrepreneurs. Les Anglo-Saxons ont pris l’habitude de se moquer de nous en disant que chez eux, « tout ce qui n’est pas interdit est autorisé », alors que chez nous « seul ce qui est permis est autorisé ». Pour sortir de ce piège qui nous fait perdre du temps, des emplois et un potentiel de croissance, il convient d’écouter et de tirer les leçons d’un rapport parlementaire. Et non de l’enterrer comme tant d’autres avant lui.

Article de David Barroux | Photo by Lenny Kuhne on Unsplash

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